Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/276

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avec lui. La conséquence immédiate fut que, cette fois encore, notre troupe put se rendre à Lauchstaedt très-convenablement préparée.

A peine fut-elle partie que s’éveilla l’ancien désir de Weimar d’avoir pour le théâtre un local plus satisfaisant. Les acteurs et le public se sentaient dignes d’une salle plus décente. Chacun reconnaissait la nécessité de ce changement, et il ne fallait qu’une impulsion intelligente pour déterminer et hâter l’exécution. On avait appelé de Stuttgart l’architecte Thouret pour avancer la reconstruction du château. Il proposa accessoirement un plan ingénieux, qu’on accueillit d’abord avec faveur, pour donner au local du théâtre une disposition nouvelle. L’ouvrage fut poussé rapidement, et, le 12 octobre, nous pûmes inviter la cour et le public pour l’ouverture de la salle. Un prologue de Schiller et le Camp de Wallenstein donnèrent à la fête de l’importance et de la dignité. Les préparatifs n’avaient pas laissé de nous occuper beaucoup pendant tout l’été, car le grand cycle de Wallenstein, d’abord annoncé seulement, était l’objet d’un sérieux travail, et ce n’était pas notre seule affaire.

Pour moi, les Prophéties de Bacis * m’avaient amusé quelque temps ; j’avais dans la pensée tout le plan de l’AchilléideJ, et je le développai un soir à Schiller avec détail. Mon ami me gronda de porter dans mon esprit une. conception si nette sans lui donner la forme et la mettre en vers. Ainsi encouragé et sollicité, j’écrivis le premier chant et le plan tout entier ; un extrait fidèle de l’Iliade devait me servir à le dévélopper.

Mais j’en fus détourné par l’attention décidée que je donnais de nouveau aux arts plastiques depuis que Meyer était revenu d’Italie. Nous étions surtout occupés à préparer le premier article des PropyUes. Je continuais la Vie de Cellini, comme un point d’appui dans l’histoire du seizième siècle. J’accompagnai de notes humoristiques plutôt qu’esthétiques les réflexions de Diderot sur les couleurs, et, tandis que Meyer se livrait à des études sérieuses sur les arts plastiques, j’écrivis le Collectionneur, pour faire naître dans un public libre et joyeux quelques réflexions et quelques scrupules.


I. Tomel, page 133. — 2. Tome V, page 63.