Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/361

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le globe, et l’autre, un tableau comparatif des hauteurs des montagnes de l’ancien et du nouveau monde.

C’est ici le lieu de dire en peu de mots comment j’ai cherché à mériter le bonheur d’avoir pour contemporains des hommes éminents. Du point où il a plu à Dieu et à la nature de me placer, et où je n’ai pas cessé d’agir selon les circonstances, j’ai porté mes regards autour de moi, et observé où se manifestaient et agissaient constamment des tendances élevées. De mon côté, par mes études, mes productions, mes collections et mes essais, je me suis efforcé d’aller au-devant d’elles, et, fidèlement préparé à acquérir les choses auxquelles je n’aurais jamais atteint par moi-même, j’ai tâché de les mériter, si bien que j’ai pu m’approprier tout uniment, sans rivalité, sans envie, dans sa nouveauté et sa fraîcheur, ce que les meilleurs esprits offraient au siècle. Aussi le nouveau ne me semblait-il jamais étrange, et je ne courais pas le risque de l’accueillir par surprise ou de le rejeter par un vieux préjugé.

L’abbé Monti, se souvenant de nos anciennes relations, m’envoie sa traduction de VIliade.

Plusieurs objets d’art viennent enrichir mes collections, et, pour fixer toujours plus mon attention sur ces études, je saisis l’occasion qui s’offre à moi de voir à loisir la collection des originaux et des plâtres de Dresde.

Les sciences naturelles, et surtout la géologie, eurent leur tour. J’allai de Tœplitz visiter les mines d’étain de Graupen, de Zinnwald et d’Altenberg. A Bilin j’eus le bonheur d’avoir pour guide le docteur Reuss, qui me communiqua les lumières de son expérience. Le docteur Stolz me rendit à Aussig les mêmes services. Ici parut encore le grand mérite d’un homme qui approfondit d’abord sa spécialité, et qui transmet au visiteur au tant de connaissances qu’un long séjour aurait pu lui en procurer.

Parmi les livres que j’étudiai à cette époque, je dois mentionner les Études sur Fintérieur des montagnes par Trebra et les ouvrages de Charpentier. C’était mon goût de vouer une attention particulière aux idées et aux convictions de mes contemporains, surtout s’ils ne pouvaient régler leur marche sur la routine du jour.