Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/485

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accents de l’antiquité grecque, et la langue allemande se réglasur eux pour la même harmonie. Ainsi se dévoila à lui le mystère de la quantité ; ainsi lui fut manifestée l’étroite union de la poésie et de la musique, et, sous l’influence de son intimité avec Schoulze, il fut en état de communiquer, d’une manière à la fois théorique et pratique, à ses concitoyens les beaux fruits de leurs travaux communs.

Il est surtout agréable d’étudier celles de ces poésies qui, parla forme, annoncent une imitation de celles qui nous restent de l’antiquité. On s’instruit à observer comment le poète procède. Ce n’est pas seulement un corps semblable, qu’on a rétabli tant bien que mal, c’est le même esprit, qui semble reproduire exactement la même forme.

Et comme le poète reconnaît vivement le mérite d’une forme déterminée et accomplie, dont il est parfaitement maître dans ses derniers travaux, il se montre aussi sévère pour ses premières poésies, et les remanie en maître selon les règles d’une perfection qui est arrivée chez lui plus tard à maturité.

C’est aux grammairiens et aux hommes du métier d’apprécier à fond ces mérites ; pour nous, il nous reste à terminer en quelques traits la tache que nous avons entreprise d’expliquer le poète par les poésies et les poésies par le poète.

Nous le trouvons ici tel qu’il est devenu peu à peu, traducteur excellent des ouvrages de l’antiquité.

Par la victoire décidée de la forme sur le fond, cette victoire à laquelle nous avons rendu hommage, par plusieurs poésies entièrement indépendantes de toute impulsion’extérieure, le poète nous montre qu’il peut à son gré abandonner le réel et aborder le possible, rejeter ce qui est proche et saisir ce qui est éloigné, renoncer à ce qui lui est propre et s’approprier ce qui lui est étranger. Et comme on disait qu’à côté du peuple romain, un peuple de statues décorait la ville, on peut dire de notre poète que chez lui, à un entourage réel et véritablement national, se joint un monde intellectuel vraiment antique.

Il avait eu le bonheur de se vouer dès sa jeunesse aux langues et aux littératures anciennes ; il en avait fait l’affaire de sa vie. Son objet n’était pas un savoir morcelé et littéral ; il pénétra jusqu’à l’intuition, jusqu’à la compréhension immédiate du