Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/145

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tons et de plaques en cuivre qu’il ressemblait à la boutique ambulante d’une marchande de ferraille ; est-il bien vrai que notre demoiselle avait des accointances avec le mauvais esprit ?

— Qui, notre demoiselle ? dit Doroch, que le philosophe connaissait déjà ; c’était une sorcière ; oui, je suis prêt à jurer que c’était une sorcière.

— Tais-toi, tais-toi, Doroch, reprit un troisième, celui qui avait montré dans la route tant de propension à consoler les autres ; ce n’est pas notre affaire. Que Dieu soit avec elle. Il ne faut pas parler de cela. —

Mais Doroch n’était nullement disposé à se taire. Il venait de faire une visite à la cave, avec le sommelier, pour une affaire importante, et après s’être penché deux ou trois fois sur quelques tonneaux, il en était sorti très-gai et fort babillard.

— Qu’est-ce que tu veux, que je me taise ? dit-il ; mais sur moi-même elle a monté à cheval. Je jure devant Dieu qu’elle l’a fait.

— Écoute, mon oncle, dit le jeune berger aux boutons, est-il possible de reconnaître une sorcière à une marque quelconque ?

— C’est impossible, répondit Doroch, tout à fait impossible ; tu aurais beau lire tous les psaumes l’un après l’autre, tu ne la reconnaîtrais pas.

— C’est possible, c’est possible, Doroch, ne dis pas cela, répliqua le consolateur. Ce n’est pas en