Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/24

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— Il fait humide, Votre Excellence. —

Oh oui ! ce n’est pas un de mes pareils ; c’est un véritable homme d’État. J’ai remarqué cependant qu’il m’aime beaucoup. Si sa fille… ah ! j’en perdrai la tête !… mais rien, rien, silence.

J’ai lu l’Abeille du Nord[1]. Quel sot peuple que ces Français ! Ma parole d’honneur, je les ferais tous prendre et tous fouetter. J’ai lu aussi une très-agréable description d’un bal, écrite par un gentilhomme de Koursk. Les gentilshommes de Koursk écrivent bien. Ensuite je me suis aperçu qu’il était déjà midi et demi, et le Notre[2] n’était pas encore sorti de sa chambre à coucher. Mais à une heure et demie, il est arrivé un événement qu’aucune plume n’est en état de décrire. La porte s’ouvrit ; je crus que c’était le directeur, et me levai de ma chaise avec mes papiers. Mais non, c’était elle, elle-même. Ô saints du paradis ! comme elle était habillée ! sa robe était blanche comme un cygne, et si bouffante !… Quand elle me regarda, c’était, j’en jure Dieu, c’était un soleil. Elle salua, et me dit :

— Papa n’est pas encore venu ? —

Aïe, aïe, aïe, quelle voix ! un canari, un vrai canari.

  1. Le plus important et le plus répandu des journaux russes.
  2. Notre chef.