Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/132

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ai déjà garrotté les vôtres ? Qu’on amène les prisonniers sur le parapet.

Et l’on amena les Zaporogues garrottés. Devant eux marchait leur ataman Khlib, sans pantalon et sans vêtement supérieur, dans l’état où on l’avait saisi. Et l’ataman baissa la tête, honteux de sa nudité et de ce qu’il avait été pris en dormant, comme un chien.

— Ne t’afflige pas, Khlib, nous te délivrerons, lui criaient d’en bas les Cosaques.

— Ne t’afflige pas, ami, ajouta l’ataman Borodaty, ce n’est pas ta faute si l’on t’a pris tout nu ; cela peut arriver à chacun. Mais honte à eux, qui t’exposent ignominieusement sans avoir, par décence, couvert ta nudité.

— Il paraît que vous n’êtes braves que quand vous avez affaire à des gens endormis, dit Golokopitenko, en regardant le parapet.

— Attendez, attendez, nous vous couperons vos touffes de cheveux, lui répondit-on d’en haut.

— Je voudrais bien voir comment ils nous couperaient nos touffes, disait Popovitch en tournant devant eux sur son cheval.

Et puis il ajouta, en regardant les siens :

— Mais peut-être que les Polonais disent la vérité ; si ce gros-là les amène, ils seront bien défendus.

— Pourquoi crois-tu qu’ils seront bien défendus ? répliquèrent