Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/56

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et le dialogue suivant s’établissait d’habitude entre eux :

— Bonjour. Crois-tu en Jésus-Christ ?

— J’y crois, répondait l’arrivant.

— Et à la Sainte Trinité ?

— J’y crois de même.

— Vas-tu à l’église ?

— J’y vais.

— Fais le signe de la croix.

L’arrivant le faisait.

— Bien, reprenait le kochévoï, va au kourèn qu’il te plaît de choisir.

À cela se bornait la cérémonie de la réception.

Toute la setch priait dans la même église, prête à la défendre jusqu’à la dernière goutte de sang, bien que ces gens ne voulussent jamais entendre parler de carême et d’abstinence. Il n’y avait que des juifs, des Arméniens et des Tatars qui, séduits par l’appât du gain, se décidaient à faire leur commerce dans le faubourg, parce que les Zaporogues n’aimaient pas à marchander, et payaient chaque objet juste avec l’argent que leur main tirait de la poche. Du reste, le sort de ces commerçants avides était très précaire et très digne de pitié. Il ressemblait à celui des gens qui habitent au pied du Vésuve, car dès que les Zaporogues n’avaient plus d’argent, ils brisaient leurs boutiques et prenaient tout