Page:Gogol HalperineKaminsky - Veillees de l Ukraine.djvu/155

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Ma vieille mère était alors encore de ce monde ; et, aussi bien que si c’était maintenant, je me souviens que, par une longue soirée d’hiver où la gelée crépitait au dehors et murait l’étroite fenêtre de notre chaumière, elle était assise en tenant sa quenouille, d’une main étirant le long fil, et, avec son pied, faisant mouvoir le berceau tout en fredonnant une chanson que je crois toujours entendre. La chambre était éclairée par un lampion qui tremblait et qui, par instants, se ravivait tout à coup comme s’il eût pris peur de quelque chose ; le rouet bourdonnait ; et nous tous, enfants, tassés en un petit groupe, nous écoutions le grand-père qui, à cause de sa vieillesse, depuis plus de cinq ans ne descendait pas du poêle [1].

Tout merveilleux que fussent ses beaux récits du vieux temps sur les invasions des Zaporogues, sur les Polonais, les grands exploits de Podkova, de Sagaïdatchny[2], au-

  1. Le poêle en forme de fourneau des chaumières russes, toujours très large, fournit à une certaine partie de sa surface une chaleur assez tempérée pour que l’on puisse y coucher. (Note du traducteur.)
  2. Hetmann des Zaporogues. (Note du traducteur.)