Page:Gogol HalperineKaminsky - Veillees de l Ukraine.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Laissons cela, ma belle, que d’histoires ne racontent pas les babas et les sots ! Ce serait de l’inquiétude inutile ; tu prendrais peur et tu ne t’endormirais pas tranquille.

— Raconte, raconte, mon chéri, mon parobok aux noirs sourcils, — disait-elle en appuyant son visage sur la joue du jeune homme et en l’entourant de ses bras, — sinon, c’est que tu en aimes une autre. Je n’aurai pas peur, je m’endormirai tranquillement. C’est si tu ne me dis rien que je ne pourrai pas m’endormir ; je m’agiterai avec cette idée en tête. Raconte, Levko.

— On a bien raison de dire qu’il y a du diable chez les jeunes filles, qui les pousse à vouloir tout connaître. Eh bien, soit ! écoute :

— Il y a longtemps, mon petit cœur, vivait dans cette maison un sotnik[1]. Ce sotnik avait une fille, une belle enfant blanche comme la neige, comme ton petit visage. Ce sotnik pensa à se remarier. — Me dorloteras-tu comme avant, père, quand tu auras pris une autre femme ? — Oui, ma fille, je te pres-

  1. Commandant une sotnia, une compagnie de cent cosaques.