Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/246

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Ah ! l’ivresse aux pavés de mon pas qui titube
Vers les seuils de luxure où grondent les tambours,
Et les paniers pesants du bronze des jujubes
Comme des boucliers luisant aux carrefours !

Des jasmins s’effeuillaient sur des portes sanglantes
Qui, farouches ainsi que des captifs muets,
Sonnaient au tintement de leurs chaînes, et, lentes,
Se plaignaient dans le bruit de leurs fers remués.

Des ânes bleus passaient sous des portes arquées.
Parfois, dans un rayon, je voyais luire au bord
Des nattes, se touchant sur le seuil des mosquées,
La sandale de bois et la babouche d’or.

Le poivre, le safran, l’orange, la verveine
M’offraient tous leurs parfums ainsi que des joyaux
Et des enfants mêlaient à l’ombre des fontaines
La fraîcheur de leur rire à la fraîcheur de l’eau.