Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/50

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trois jours avait lieu la cérémonie concluante ; quand on enlevait les bandages recouvrant le bras. Si les chairs étaient intactes, cela était interprété comme une manifestation de Dieu en faveur de l’innocence de l’accusé. Si au contraire on constatait la moindre trace de brûlure, cela était considéré comme un signe de la colère divine désignant le coupable qui alors devait être livré à des tortures en rapport avec l’importance de son crime et la barbarie de l’époque[1].

Ne nous semblerait-il pas que nous assistions à une sorte de divertissement cruel auquel ne peuvent sérieusement se livrer que des insensés ? Et c’est ainsi pourtant qu’à cette époque on était convaincu d’obtenir la vérité dans l’acte de justice. Ce qui nous étonne le plus dans ce tableau, au point de vue de notre siècle, ce n’est pas seulement qu’on croyait trouver une preuve de culpabilité sur des données aussi logiquement absurdes, car, quel rapport peut-il y avoir, en effet, entre le crime qu’ait ou non commis un individu et la sensibilité plus ou moins grande de la peau de ses bras ou le temps plus ou moins long que ses brûlures mettraient à guérir ? Ceci serait encore jusqu’à un certain point compréhensible, prenant en considération qu’à cette époque reculée les hommes se fiaient moins à la force de leur propre raisonnement qu’à la manifestation de la volonté divine qui s’ob-

  1. L. O. Pike, A History of Crime in England, vol. I, p. 53.