Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/53

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Ce sont les mêmes sentiments et les mêmes idées, mais plus généralisées, qu’éprouve Nekludoff, dans sa distinction des détenus :

« La cinquième catégorie, enfin, se composait d’individus envers lesquels la société était bien plus coupable qu’ils ne l’étaient eux-mêmes vis-à-vis d’elle. C’étaient des abandonnés, abêtis par une oppression continuelle et par des tentations de toute sorte, tels que l’enfant qui avait volé de vieilles nattes, et une centaine d’autres individus qu’il avait vus à la prison et en dehors d’elle, que les conditions de l’existence avaient amenés pour ainsi dire systématiquement à commettre l’acte qu’on nomme crime. D’après ses observations, à ce genre d’individus appartenaient un grand nombre des voleurs et des assassins, avec quelques-uns desquels il s’était trouvé, ces derniers temps, en rapports. Les ayant connus de plus près il leur adjoignit ces dépravés et ces corrompus que la nouvelle école appelle des types de criminels et dont l’existence dans la société est reconnue comme une des principales preuves de la nécessité du Code pénal et du châtiment.

« Ces types corrompus, criminels, anormaux, ainsi qu’on les nomme, n’étaient rien d’autres, à son avis, que ces mêmes individus envers qui la société était plus coupable qu’ils ne l’étaient à son égard, mais coupable non envers eux au présent, mais par le passé vis-à-vis de leurs parents et de leurs aïeux ».

De là nous voyons que pour Tolstoï le crime