Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/54

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appartient à l’analyse comme phénomène social autant que l’expression réelle du mal social qui l’a engendré se reflète en lui, que le crime actuel est le châtiment infligé à la société dans la personne de tel ou tel criminel dont elle a à s’occuper pour sa cupidité dominante, son indifférence à son prochain et sa corruption morale, et c’est pourquoi chaque nouveau cas criminel n’est seulement qu’un nouvel indicateur du mal social à constater et à vérifier par lui : le criminel ressemble au coquillage qui, par la structure de ses sinuosités, rassemble les ondes sonores qui l’environnent et les reflète sous la forme d’un murmure particulier. L’âme de Tolstoï, souffrant pour son malheureux prochain, ne voit dans le procès criminel moderne qu’une incarnation de principes contraires.

Et, en effet, il faut bien reconnaître que l’instruction judiciaire, par son caractère même, doit le frapper à son endroit le plus sensible. La théorie même du procès moderne (nous prenons pour exemple le Manuel du professeur Stoutschewski) ne nous dit-elle pas catégoriquement : « Le tribunal poursuit dans son œuvre un but purement pratique. Jugeant indispensable dans les intérêts de la vie légale de garantir ces intérêts de toute atteinte criminelle par l’application d’un châtiment, la législation a confié au tribunal le soin d’approfondir, pour chaque cause, si la volonté du coupable qui s’est manifestée par son crime porte des traces de con-