Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/61

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forme de l’arrêt qui l’attend : la procédure d’enquête est complètement indépendante du verdict.

Ce qui frappe Tolstoï dans le procès criminel c’est que de nos jours on tend encore au même but que l’Inquisition poursuivait par la question : c’est-à-dire à établir uniquement la culpabilité. Avant on pensait qu’elle s’établissait le plus sûrement par l’aveu de l’accusé, qu’il fallait pour cela lui arracher à toute force, même en ayant recours à la torture. Maintenant, on trouve que le raisonnement développé du juge peut atteindre le même but par l’appréciation des actes et de la conduite de l’accusé, objectivement, et par l’impression des témoins et qu’il peut, par conséquent, se passer de l’aveu de l’accusé ; de fait, l’enquête judiciaire ne cherche qu’à établir le même point qu’avant : la culpabilité de l’accusé. La différence n’existe que dans la forme du procès et non dans sa substance. Pour Tolstoï la question essentielle n’est pas de savoir si l’accusé est réellement coupable ou non, mais celle : s’il est coupable, quelles sont les raisons qui l’ont poussé au crime et en quoi consiste la véritable cause du mal social dont le criminel est l’expression ?

La véritable couronne de cet édifice stérile qu’on appelle le procès criminel est pour Tolstoï la cour de cassation. Le tribunal au lieu de s’intéresser à l’analyse des véritables questions touchant au sort de la victime et de l’accusé, s’occupe uniquement à faire des tours de force d’équilibre de pensée et de logique dont nul n’a besoin, et par suite l’issue