Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/382

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La Comtesse.

Monsieur je vous ai dit franchement tout ce que je pouvais vous dire : donnez-moi, à votre tour, quelques détails sur le caractère de votre ami.

Le Marquis.

Quant à sa personne, je vous dirai d’abord qu’il n’est point très-beau ; il n’a cependant jamais passé pour laid dans notre pays.

La Comtesse.

À merveille ; c’est tout ce qu’il en faut pour un mari.

Le Marquis.

Vous aurez sans doute appris son âge ?

La Comtesse.

Oui, et c’est peut-être tout ce qu’on m’en a dit. Je sais qu’il est encore dans l’âge de la force et de la fraîcheur, et l’on ajoute que la nature lui a donné l’avantage de paraître plus jeune encore qu’il ne l’est en effet.

Le Marquis.

Il est plutôt grand que petit ; mais il n’a point l’embarras d’un embonpoint superflu.

La Comtesse.

Tout cela m’est absolument indifférent : mais je voudrais savoir quelque chose de son caractère, de ses goûts, de ses mœurs enfin.

Le Marquis.

Je vous dirai que je suis si intimement lié avec le Marquis, que je ne me sens ni la force d’en dire du mal, ni le courage d’en dire du bien.

La Comtesse.

On m’a dit qu’il était par foi un peu colère.


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Le Marquis.

Cela est vrai ; mais ce n’est jamais sans motif.