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Comédie.

Le Comte.

Madame est libre de prononcer.

Donna Eugénie.

Comte, j’ai été jusqu’ici dans l’indifférence. Mais il y aurait de l’ingratitude de ma part envers le Chevalier, à profiter de ses conseils pour faire le bonheur d’un autre. C’est lui qui a trouvé le fil qui me tire du labyrinthe ; c’est à lui que la conquête appartient.

Le Chevalier.

Ô la plus sage, la plus accomplie des femmes !

Le Comte.

Que ce prétexte soit vrai ou faux, je dois respecter votre décision, et comme, en vous épousant, je n’eusse point souffert l’amitié du Chevalier pour vous, vous êtes bien sure, quand il devient votre époux, de ne me plus revoir.

Le Chevalier.

Je suis d’une humeur un peu moins triste que la vôtre. Tous les Cavaliers honnêtes pourront se présenter dans la société de mon épouse ; je vous proteste que ma confiance est entière en elle, et que votre mérite même ne me cause point de frayeur.

Don Ambroise.

Allons, seigneur Docteur, allons dresser un autre écrit, mais clair, expressif, de manière que je n’aie rien à craindre tant que je vivrai. Et vous, seigneur don Fernand, allez poursuivre à Mantoue le cours de vos études. Monsieur le Chevalier, le contrat une fois dressé, vous épouserez ma belle-fille ; et vous, monsieur le Comte, si tant de bonheur vous échappe, vous n’avez que ce que mérite un avare.

Fin de la Comédie et du Tome second.