Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/211

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d’être froid… La Venturi est morte avant-hier soir, en compagnie. Elle a voulu être exposée, deux jours, avant que d’aller en terre. Son mari, je crois, a été bien aise d’être délivré de cette femme, qui dans les derniers mois de sa vie, a donné des assauts terribles à son avarice, car elle avait des fantaisies incroyables, jusque faire démeubler sa chambre pour la remeubler. Elle avait cinq ou six lits de toutes les grandeurs… Cicciaperci se porte mieux, sa goutte se dissipe. Sa femme est terriblement ennuyeuse : elle me dessèche avec ses discours sans nominatifs ni verbes, elle a la fureur de parler… Ici, la première condition d’un servage est de renoncer à toute occupation, pour se donner à la belle insipide. J’ai vu la Zendarari, qui est engraissée, mais plus d’un côté que de l’autre ; son mari me paraît bien peu de chose… La Martiani de Pise tourne la tête à toutes les femmes, elles veulent toutes l’imiter, mais malheureusement elles n’ont pas sa bourse…

La fureur est toujours ici, de jouer la comédie. On doit jouer Oreste, la Pallavicini fera Clytemnestre, la Fabroni, Electre, et Fabio, Oreste : ce qui est parfaitement ridicule, car la Fabroni est grosse et grande, et paraît plus la mère, que la Pallavicini. Les Florentines, qui sont des buses, passent leur vie autour d’une table de pharaon à gagner quelques pauls. Je n’ai jamais vu des femmes plus insipides et plus igno-