Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Qu’est-ce qui vous a dit de compter ? interrompit Mlle de Varandeuil avec l’orgueil d’une charité superbe.

Le portier continua : — Et puis par là-dessus, une concession à perpétuité, comme vous m’aviez dit, ça ne se donne pas… Vous avez beau avoir bon cœur, mademoiselle, vous n’êtes pas trop riche… on sait ça, et alors on s’est dit : Mademoiselle va avoir pas mal à payer… et on connaît mademoiselle, elle payera… Eh bien ! si on lui économisait ça ?… Ça serait toujours autant… L’autre sera toujours bien sous terre… Et puis, qu’est-ce qui peut lui faire le plus de plaisir là-haut ? C’est de savoir qu’elle ne fait de tort à personne, la brave fille…

— Payer… quoi ? dit Mlle de Varandeuil, impatientée par les circonlocutions du portier.

— Allez ! ça ne fait rien, reprit le portier, elle vous était bien attachée tout de même… Et puis quand elle a été bien malade, ce n’était pas le moment… Oh ! mon Dieu, il ne faut pas vous gêner… ça ne presse pas… c’est de l’argent qu’elle devait depuis des temps… C’est ça, tenez…

Et il tira de la poche intérieure de sa redingote un papier timbré.

— Je ne voulais pas qu’elle fît un billet… c’est elle…

Mlle de Varandeuil saisit le papier timbré et vit au bas :

Approuvé l’écriture ci-dessus,
Germinie Lacerteux.