Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/273

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mençait toujours sa classe. — Marmont a trahi ! — Deux cents vers, toi ! Pourquoi dis-tu des choses comme ça ? — Mais, Monsieur, vous me demandez… — Vois-tu, j’ai connu une personne qui m’a donné tous les détails ! — Mais, Monsieur, il y avait du son dans les cartouches ! — Qui est-ce qui t’a dit ça ? — Je l’ai vu, monsieur Cerceau ! — Tu l’as vu ? » Et il s’approchait de l’élève pour le jeter dehors, mais, voyant le bambin se mettre en état de défense, on l’entendait s’écrier : « Madame Cerceau ! madame Cerceau ! mettez cet homme à la porte ! »

Un autre jour : « Y a-t-il quelque chose de nouveau ? — Monsieur, il y a eu un duel ! — Un duel ici, on s’est moqué de toi ! — Mais c’est entre M*** et M***, même que nous avons vu par terre des gouttes de sang. — De sang, Messieurs, c’est trop curieux. Vous ne le direz pas. Ficelez vos livres. Nous allons aller voir cela ! »

C’était le grand moment de la restauration des idées catholiques, et le pauvre père Cerceau disait sur un ton lamentable, à ses élèves : « Messieurs, vous serez cause de ma ruine. Mme de Noiron se plaint que vous lui faites des grimaces à l’église… » Mme de Noiron, la mère du procureur du roi, faisait trembler le prêtre marié. Alors on reprenait, dans les classes, l’étude de l’Évangile, et mon cousin lui disant : « Moi, je ne veux pas l’apprendre ! — Eh bien ! je t’en prie, apprends-le pour moi seulement le samedi. Faut-il que je me mette à tes ge-