Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/61

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l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ;

« Par ces motifs :

« Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. »

Nous étions acquittés, mais blâmés.

Un cocher de fiacre du XVIIIe siècle, blâmé comme nous par une Cour de justice, s’écria, après le blâme :

— Mon président, ça m’empêchera-t-il de conduire mon fiacre ?

— Non.

— Alors je… (Mettez ici l’expression la plus énergique de la vieille France.)

En sortant de la salle du tribunal, nous pensions l’expression du fiacre[1].

— Depuis le printemps, on s’en va en bande, presque tous les dimanches, dîner dans un petit vide-bouteille, loué par Villedeuil à Neuilly. On se promène dans un jardin où il n’y a guère que l’ombre d’une table de pierre, et l’on dîne dans une salle à

  1. En dépit de tout ce qu’on écrira, de tout ce qu’on dira, il est indéniable que nous avons été poursuivis en police correctionnelle, assis entre les gendarmes, pour une citation de cinq vers de Tahureau imprimés dans le Tableau historique et critique de la poésie française par Sainte-Beuve — couronné par l’Académie. Or, je puis affirmer qu’il n’y a pas d’exemple d’une pareille poursuite en aucun temps et en aucun pays.