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Je le retrouve, ainsi que je l’avais aperçu à l’enterrement de Roger de Beauvoir, je le retrouve avec son teint boucané, sa longue mèche de cheveux lui balafrant la figure, son élégance frelatée dans sa demi-toilette, mais en dépit de tout cela, il faut l’avouer, possédant une politesse de gentilhomme et des grâces de monsieur bien né, qui font contraste avec ce taudis, où se mêlent, se heurtent, se confondent avec des objets d’habillements et des chaussettes sales, des livres, des journaux, des revues.

J’emporte de ce logis de la rue Rousselet, comme le souvenir d’un lettré de race dans la débine.

Samedi 15 mai. — Je sors de l’Exposition.

Le côté caractéristique de cette exposition, c’est l’introduction dans la peinture de tout le brillant, de tout le cliquetant, de tout le coruscant du bric-à-brac.

Oui, la peinture n’est plus que le trompe-l’œil de la céramique, des éclairs de l’acier, des lumières cassantes de la soie et du satin. C’est sur la toile le feu d’artifice du bibelot. On peut trouver ça très joli, mais n’est-ce point, au fond, de la très petite couleur, bonne à laisser à la peinture à la gouache ?

Mardi 25 mai. — Transbordement pour l’été, du