Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/370

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se défend de la reconnaissance de son talent par son mari, avec des mots qui ont presque le bredouillement ému d’une défaite de femme amoureuse : « Non, non, c’est trop… je ne veux pas… non, je ne veux pas ! »

――――――― Le boire et le manger me sont indifférents, le reste seulement plaisant, et il n’y a plus pour moi, en ces jours énervés comme des lendemains de migraine, il n’y a plus pour moi d’attachant dans la vie que le travail de la cervelle : l’architecture d’un morceau ou la ciselure d’une phrase.

Décembre. — Je ne connais pas dans l’histoire un homme plus digne de pitié que le maréchal. Son message est la plus horrible torture qu’on ait pu infliger à un homme d’honneur.

Mardi 18 décembre. — Dans ce dîner de l’ancien Magny, aujourd’hui tout plein de ministres et de victorieux de l’heure présente, en la grosse et exultante joie de leur triomphe politique, je me sens un vaincu, l’homme d’une France qui est morte à tout jamais.