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Mercredi 5 janvier. — Ce soir, chez Charpentier, Daudet déclarait qu’il y avait un beau livre à faire : « Le Siècle d’Offenbach » proclamant que tout ce temps descendait de lui : de sa blague et de sa musique, qui n’étaient au fond qu’une parodie de choses et de musiques sérieuses, qu’il avait travesties. Et Céard le baptise assez spirituellement du surnom de : Scarron de la Musique.

Samedi 8 janvier. — Dîner, chez Banville. C’est curieux dans ce moment l’influence du café-concert, et la prise de possession des cervelles par la chansonnette.

À toute minute, j’entends Daudet chantonner :

Trois, rue du Paon,
Un petit appartement,

Sur le devant.
 

et chantonner, en s’interrompant tout à coup, un peu honteux de cet empoignement bête.

Et voici Coppée avouant, que le mélodrame, le mélodrame, sa toquade, n’a plus le pouvoir de l’amuser, qu’il n’y a que le café-concert, qu’il n’y a plus que Paulus qui le mette en joie.

C’est ainsi que cette gaîté névro-épileptique est en train de conquérir tout Paris, et de mettre ses refrains dans la bouche des plus délicates intelligences. C’est