Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/235

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geron, devenu le marteleur artiste du fer, et qui fabrique à présent des feux en fer forgé, représentant un rosier, avec la légèreté, la souplesse, l’embuissonnement de l’arbuste. Savez-vous comment il devint artiste, l’homme qui forgeait des fers à cheval ? Il aimait beaucoup sa mère, et quand sa mère vint à mourir, il eut l’idée de forger, pour mettre sur sa tombe, un petit saule pleureur. Et la réussite l’amena ensuite à forger une branche de rosier, où commença à se révéler son incomparable talent.

Jeudi 3 novembre. — Quel singulier phénomène, que celui qui rend un auteur complètement dupe de ce qu’il imagine, avec tous les tâtonnements de l’imagination ! C’est ainsi qu’aujourd’hui je pleure et étouffe un peu — étant toujours pris par la tousserie — en composant une scène de Germinie Lacerteux.

Mardi 8 novembre. — Aujourd’hui, ça ne va pas bien du tout. Je suis forcé de faire venir le docteur Malhené, qui trouve à mon rhume le caractère d’une forte bronchite.

Je fais quelques changements à mon testament, et je le lis à Daudet, mon exécuteur testamentaire, qui n’en avait pas encore connaissance.