Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/269

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j’ai gardé le souvenir, comme un Louis XVI, en pantalon de nankin, fait un trou dans le plafond, y conduit le serpentement d’un petit escalier tournant, et voilà installée la salle à manger ordinaire de Murger, de Bartet, de Scholl, de Monselet, etc., etc.

C’étaient, dans le principe, des dîners à 35 sous, mais avec des suppléments, et encore en bas vous attendant au comptoir, des diamants, — qui étaient des verres d’eau-de-vie, — dont le fils Dinochau vous faisait l’offre, en l’accompagnant d’un petit air de violon tout à fait engageant.

Puis bientôt des femmes s’adjoignaient aux hommes, et Bartet pariait un jour, qu’il ferait voir son nombril à la société, et ma foi relevant sa blouse, sous laquelle il était nu, il le faisait voir son nombril, et peut-être mieux que son nombril : — malheureusement, au moment où Mme Dinochau avait ses yeux « de tampons de locomotive » à la porte.

Indignation de l’austère marchande de vin, qui lui déclarait qu’il déshonorait sa maison, et qu’il n’y rentrerait jamais, et à la suite de cette déclaration, une série de scènes drolatiques, et de lâchetés spirituelles de Bartet, pour rentrer en grâce, et remanger du pot-au-feu de Dinochau.

Ce soir, le hasard me fait lire un article de je ne sais plus qui, constatant avec une joie, presque sauvage, la baisse, l’écroulement des objets japonais : tout cela pour arriver à dire au public, que l’Académie des Goncourt est fichue, et que les gens qui croyaient en être, sont volés.