Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/301

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a une fièvre, dont il ne peut se débarrasser, et qui le prend à six heures du soir et le quitte à une heure du matin, le laissant, tout le jour du lendemain, brisé, incapable de travail.

Lundi 15 octobre. — Avoir besoin de rationner ses lectures dans un moment d’oisiveté de l’esprit, où l’on voudrait lire tout ce qu’on n’a pas lu. Ah ces yeux !… oui, je consentirais à devenir plutôt cul-de-jatte qu’aveugle !

Jeudi 18 octobre. — Ce soir, Rosny s’ouvre sur sa famille, parle de ses frères et de ses sœurs, nous entretient de sa petite fille, incomplètement allaitée par sa jeune femme de seize ans, et qu’il a été au moment de perdre.

Et il dit avec la voix et les expressions de caresse lui venant à la bouche, quand il parle de ses enfants, que le médecin lui ayant annoncé qu’il n’y avait plus d’espoir à garder, et qu’il fallait seulement songer à la soulager, il avait jeté les drogues dans la cheminée, et l’avait, ainsi qu’il le raconte dans un de ses romans, promenée, bercée dans ses bras vingt-quatre heures, et que le petit être intelligent s’était laissé faire, et avait eu soudain un sourire, dans l’aube du jour… Elle était guérie !