Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/318

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le voir jouer ainsi, cette scène, ça me rend aujourd’hui tout à fait insupportable, la suppression du tableau du dîner, dans le bois de Vincennes, où il aurait été si amusant, si drolatique.

Oui, à propos de cette scène, quand je lui ai lu la pièce, Porel m’a dit, que c’était d’un comique lugubre, mais c’est le comique de l’heure présente, le comique fouetté, nerveux, épileptique, hélas ! Le gros, rond et gai comique, genre Restauration, c’est mort, ça ne se fabrique plus en France, en l’an 1888. Puis au fond, au théâtre, les choses dangereuses ne le sont pas, quand elles sont jouées par des acteurs de grand talent.

Une remarque. Ce Colombey est le seul acteur, qui ne subisse pas l’inspiration de Porel, et a dû montrer qu’il ne voulait pas la subir, car Porel ne lui fait aucune observation, et le laisse jouer, comme il veut.

Oh ! ce Porel, il faut bien l’avouer, ce Porel est d’une fécondité d’imaginations, d’une richesse d’observations, d’une abondance de ressouvenirs d’après nature. Il a fait vivant, ce rôle de la grande Adèle, par un tas d’attitudes de fille à soldat, par un monde de détails caractéristiques, que donne la fréquentation des pioupious. Il a varié son éternel et gauche frappement de cuisse, par des saluts militaires faits, la main à la tempe, avec des dandinements de corps triomphants de tambour-major, etc., etc.

Et pour Mlle de Varandeuil, dans la grande scène de la fin, au milieu du tragique de la situation, il a