Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/146

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Mardi 13 juin. — Mme Octave Feuillet est ici ; elle a quelque chose de la tournure d’une fée bienveillante et proprette de féerie.

La mode pour les femmes est ici de porter deux ou trois roses thé, à la ceinture, et pour les hommes un numéro de la Revue des Deux Mondes, sous le bras.

Mercredi 14 juin. — Le café : — tous les charabias de l’étranger et de la province ; — les tonitruants : Versez ! des garçons distributeurs de café ; — les expansions sur les analyses d’urine, mêlées aux : « Je suis calme comme le Destin, attaquez en chœur ; — les courses des petits chasseurs efflanqués, à la recherche des journaux et des petits bancs ; — le tapage des dominos ; — le grommellement des boissons ; — le bruissement des pas lointains des promeneurs dans le sable des allées ; — les lourds écroulements sur les chaises, des femmes obèses et d’hommes pachydermiques ; — les figures rieuses d’enfants, dans la bouche desquels, on met une cuillerée de café.

Ici le café, c’est au fond l’émancipation de la femme bourgeoise de province, hors de sa vie d’intérieur, et son intronisation dans la vie extérieure de la cocotte.

Jeudi 15 juin. — Une tête de joueur, une face mafflue de dogue. Des cheveux rares, coupés ras sur