Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/109

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lueurs de gaz errantes sur le ballonnement et l’envolée de sa marche, Élisa allait, revenait sur le trottoir, tout à la fois provocante et honteuse, tout à la fois hardie et craintive, tout à la fois agressive et peureuse des coups.

Cinquante pas, vingt-cinq pas en deçà, vingt-cinq pas au-delà de l’entrée de l’allée : c’était la promenade réglementaire d’Élisa, promenade limitée entre la maison portant le n° 17 et un terrain vague. La voici devant l’atelier de recannage, qui avait comme enseigne deux chaises dépaillées en saillie au-dessus de sa porte ; puis devant le marchand d’abats, où, dans un rentrant de fenêtre, pendant le jour, s’installait une friturerie de beignets ; puis devant le coiffeur ; puis devant la maison noire, où se balançait à une fenêtre grillée du second étage une épaulette de soldat de ligne, apportée là par les hasards d’une émeute ; puis devant le débit de vin dans le fond duquel on dansait la bourrée le dimanche ; puis devant une remise de voitures à