Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/151

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tu n’as rien vu, tu vas voir tout à l’heure !

L’orage fini, les deux femmes montèrent dans la chambre d’Élisa. Les volets fermés, l’obscurité faite dans la petite pièce, Alexandrine assise sur le pied de son lit, Élisa commença à passer son peigne dans les cheveux de son amie qui se mirent à crépiter, à étinceler, à répandre bientôt, dans la petite cellule, une lueur assez vive, pour qu’on vît très distinctement le zouave, ― le petit pantin à la calotte et aux braies rouges, ― qu’alors, dans toutes les maisons à soldats, les filles avaient comme l’ornement de leur glace.

Dès lors, tous les jours, sur les deux heures, Alexandrine montait dans la chambre d’Élisa. Il y avait d’abord, de la part d’Alexandrine, une résistance, des « encore un moment », des mains repoussant faiblement le peigne, un retardement de l’opération, comme d’une chose que la femme aux cheveux électriques redoutait, appréhendait, et cependant appelait.