Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas marié, le soldat, il n’a pas de famille, le soldat. Il n’a autour de lui ni une mère, ni une sœur, ni un jupon et l’attrait pur de ce jupon ; la douce mêlée de l’autre sexe, répandu dans tous les intérieurs, n’existe pas pour le soldat. Son existence de caserne est la seule existence où l’homme qui n’est pas un prêtre vit toujours avec l’homme, rien qu’avec l’homme. De là, par le fait de cette absence, pendant son temps de service, de tout élément féminin, la puissance et la prise sur le soldat de la femme vers laquelle se portent, à la fois, la furie d’appétits sensuels et une masculine tendresse qui n’a pas d’issue. De là aussi, parmi les femmes, l’ascendant de la prostituée. Car, il faut bien le dire, pour ces paysans, sur le corps desquels la tunique a remplacé la blouse, ces créatures avec le linge fin qu’elles ont au dos, avec leurs cheveux qui sentent le jasmin, avec le rose de leurs ongles au bout de mains qui ne travaillent pas, avec l’enlacement de leurs gestes, avec