Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/166

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trouvait de la cannelle, elle avait une indigestion avec des espèces de convulsions. C’était, continuellement, une succession de petites agitations, de petites inquiétudes, qui ne lui paraissaient pas toujours absolument et tout à fait être des souffrances dans son corps, mais parfois lui semblaient les vertiges d’une tête en tourment : des souffrances dont l’étrangeté apportait un peu d’effroi à la femme du peuple, troublée d’éprouver des choses qu’elle n’avait jamais ressenties ou vues dans ses maladies, dans les maladies des autres. Aussi était-elle chagrine, et, quand elle n’était pas très triste, elle ne pouvait toutefois se débarrasser d’un certain mécontentement de tout et de l’anxiété d’imaginations absurdes. Élisa ne se disait pas malade, elle se disait ennuyée : se servant de ce terme indéfini, qui, dans le peuple, ne signifie pas le léger ennui du monde, mais indique, chez l’être qui l’emploie, un état vague de souffrance, de trouble occulte de l’organisation,