Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/206

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XLI

Dans la salle de travail, le hasard avait placé Élisa entre deux femmes, coudes à coudes avec elle, du matin au soir.

L’une était la doyenne de la prison. Elle avait ses trente-six ans accomplis de détention. C’était une grande et sèche et maigre paysanne sur laquelle les rigueurs pénitentiaires ne semblaient pas mordre, une créature de fer que rien ne paraissait faire souffrir, et qui gardait sa santé et sa raison au bout de ce nombre homicide d’années de silence. Elle avait été condamnée aux travaux forcés pour, de complicité avec son père, avoir assassiné sa mère et de ses mains de