Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/207

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fille fait enfoncer sous des pavés le corps encore plein de vie surnageant dans un puits.

Elle effrayait avec son impassibilité, avec la fermeture de son visage, avec le mutisme de toute sa personne. Sans que son corps bougeât, sans que son œil regardât, lorsqu’une punition tombait sur une prisonnière de la salle, Élisa entendait l’implacable vieille femme ruminer entre ses dents serrées, se dire dans un souffle à elle-même : « Les autres, qu’éque ça me fait, ici faut que chacun mange sa peine. »

Celle-ci faisait un peu peur à Élisa.

L’autre voisine d’Élisa était une toute jeune femme, victime de ce règlement odieux qui mêle et associe dans une existence commune la femme condamnée à un an et à un jour de prison, et la femme condamnée aux travaux forcés à perpétuité. La jeune détenue se trouvait sous le coup d’un jugement pour adultère. Courbée en sa honte, la malheureuse, toujours penchée sur son métier à tapisserie,