Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/215

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l’éclaircie d’un court bonheur sur leurs figures tout à l’heure assombries et grises. Parmi celles-là il y avait la sœur d’une fille avec laquelle Élisa s’était trouvée dans la maison de l’École-Militaire, et que cette fille venait voir régulièrement tous les six mois. Le lendemain d’un jour où la détenue avait été appelée au parloir, ne pouvant résister au tourment de son cerveau affolé de connaître n’importe quoi du dehors, de derrière les murs de la prison, Élisa, dans la descente de l’escalier, feignant de perdre un de ses sabots, se rapprochait d’elle, lui mettait dans la main une rondelle de carton.

Élisa, sans qu’on la vît, avait eu la patience et l’adresse de découper, dans le Pater et l’Ave de son livre de prières, les lettres au moyen desquelles elle avait formé des mots qu’elle avait collés avec de la mie de pain sur le fond d’une boîte à veilleuses. Tous les six mois, alors que la femme de l’École revenait, Élisa interrogeait ainsi la détenue qui lui répondait de la même manière.