Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/248

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et puis, raisonnons un brin, qu’est-ce qu’elle peut faire de plus agreiable de son argent... puisqu’elle en a pour la vie.

Élisa regardait sa mère avec des yeux douloureux. Dans le premier moment elle avait cru bonnement que sa mère était venue pour la voir ; elle n’était venue que pour la dépouiller de son misérable petit pécule de prison.

― Eh bien, tu ne dis rien... tu refuses ta mère... Un enfant, madame la sœur, pour laquelle je me suis tué les sens !

― Les six francs pour m’acheter ma bière, quand ce sera fini... je ne veux pas que les autres se cotisent pour moi... oui, c’est tout ce qu’il me faut... le reste, je te l’enverrai, maman.

Cela dit lentement, d’un coup de reins brusque, Élisa se leva de son banc pour mettre fin à la visite.

― Ah ! t’es une vraie fille, s’écria la mère en joie, je le répète comme je l’ai dit aux jurés de malheur