Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/261

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faire remonter la lueur d’un souvenir... Se rappeler était pour Élisa un effort, une fatigue !

La prison avait de grands escaliers à tournants rapides que les détenues en sabots descendaient, quatre par quatre, dans une dégringolade accélérée. Depuis quelque temps, Élisa avait à la fois peur du vide de l’escalier sous ses pieds et du tourbillonnement féminin dans son dos. En même temps que cette appréhension bizarre se déclarait, il lui venait aux doigts une maladresse qui lui faisait tomber fréquemment les objets des mains. Élisa s’étonnait aussi un peu ― elle, un estomac capricieux et dégoûté, qui bien des fois avait laissé, sans y toucher, sa pitance, ― de se voir manger tout ce qu’elle trouvait à manger avec une voracité animale.