Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/284

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application plus longue, se rejetaient en arrière, avec un subit affaissement du corps sur leurs chaises.

Deux ou trois buvaient à petites gorgées de la tisane dégoulinante des deux coins de leurs bouches, et, la tisane bue, demeuraient des heures, penchées sur le gobelet, à en regarder le fond.

Parmi les plus âgées, une aïeule, les yeux cerclés de grosses bésicles de fer, dans le jet rigide et inexorable d’une sculpture de Parque, avait, du matin au soir, le menton posé entre ses deux mains reposant sur ses coudes arc-boutés à la table.

Près de la vieille, une détenue encore jeune, encore belle d’une beauté molle et fondue dans une graisse blanche, les reins brisés et flasques, passait le jour entier, les deux bras tombés le long de ses hanches, à user le bout de ses doigts allant et venant contre le carreau de la salle. De temps en temps, la promenade de la