Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/40

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sous ces galeries, pareilles à de gigantesques catacombes à jour, portant l’Amphithéâtre colosse sur ces arceaux bâtis de carrés cyclopéens où la furie des Barbares n’a pu faire d’autre entame que des trous de ver ; et elle se trouva dans l’arène.

Le soleil y brûlait : elle alla s’asseoir dans l’ombre étroite, tombant d’un des petits autels, à peinture écaillée, qui font le tour du Cirque, et elle embrassa le tour du théâtre immense qui écrasa d’abord son regard et sa pensée.

Des oiseaux volaient familièrement dans le monstrueux nid de pierre : là où pas une place, seulement grande comme une marguerite, n’a été sans sa rosée de sang, de l’herbe poussait, la même herbe indifférente que partout. L’abrupt du roc envahissait les gradins ; les loges dégradées redevenaient des trous fauves, les cavernes même d’Afrique où Rome allait chercher les lions, dont elle appauvrissait les déserts pour les plaisirs de son Peuple-Roi. Des arbres poussaient, des forêts de broussailles grimpaient de bancs en bancs, sau-