Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/41

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taient des trous de quatre-vingts pieds d’ombre. La Ruine revenait à la Nature, comme elle y revient à Rome, avec la pierre qui retourne au rocher, le marbre qui retourne à la pierre, les Thermes qui se transforment en grottes, les palais que le sol nivelle, les dômes que fait éclater une racine d’arbuste, les blocs que détache un grain tombé d’un bec de moineau, les Colysées où se fouille la carrière comme au flanc inépuisable d’une montagne, les tombeaux qui s’ensevelissent eux-mêmes, les statues rechangées en cailloux, ― toutes les revendications et toutes les reprises de la Terre éternelle sur la Ville éternelle.

Peu à peu, madame Gervaisais s’abîma dans une contemplation sévère et dans des méditations hautes. Des lectures lui revinrent, des pages d’histoire se réveillèrent dans sa mémoire. Lentement, il se fit en elle-même une évocation de ce qui s’était succédé là. Elle se rebâtit toute vivante cette grande scène où s’étaient rencontrées, comme des deux bouts et des deux extré-