Page:Gondal - Mahomet et son oeuvre.djvu/19

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l’heure dite, accoururent à Médine les délégués des tribus et des peuples convertis. Mahomet s’avança vers la Mecque, suivi de cent mille fidèles. C’est le pèlerinage d’adieu. Arrivé à la ville sainte, il accomplit toutes les cérémonies consacrées par l’usage autour de la Kaaba, et se rendit au mont Arafat où il prononça l’allocution célèbre que la tradition nous a conservée. Jamais assurément sa prédication n’avait été plus élevée, plus pathétique. Le Prophète inculque avec éloquence la justice, l’humanité, la bienveillance, la fraternité, entre tous les musulmans, les bons procédés envers les femmes, la probité dans les relations de la vie civile. Mahomet avait dès lors le pressentiment de sa mort prochaine. Un Koréïschite à la voix puissante répétait son discours afin que la multitude rassemblée sur le penchant de la colline pût l’entendre. « Je vous laisse, dit-il enfin, une loi qui vous préservera de l’erreur, une loi claire et positive, un livre envoyé d’en haut. » Il termine en criant : « Ô mon Dieu ! ai-je rempli ma mission ? » Et toutes les voix de répondre : « Oui, tu l’as remplie. »

Mahomet avait en effet accompli son œuvre. En vingt ans d’efforts dont la première moitié ne semblait promettre que des mécomptes il avait créé un peuple, un empire, une religion. Il n’avait plus qu’à mourir.


le Moribond.


C’est en mai 632 que le Prophète ressentit les premières atteintes de la maladie qui devait l’emporter après un mois de souffrances endurées, au dire des musulmans, avec une héroïque patience. M. Caussin de Parceval résume ainsi le récit poétique