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OBLOMOFF.

— La belle affaire ! Il y en a tant qui ont étudié ensemble !

— Ah ! s’il était ici, il m’aurait depuis longtemps débarrassé de tout ce tracas, sans demander ni porter ni champagne… dit Oblomoff.

— Tu me fais des reproches ! Va-t-en au diable avec ton porter et ton champagne ! Tiens, reprends ton argent… Où l’ai-je donc mis ? J’ai tout à fait oublié où je l’ai fourré, ton maudit argent !

Il tira un papier graisseux.

— Non, ce n’est pas cela, dit-il. Où donc est-il ?

Il retourna ses poches.

— Ne prends pas tant de peine, ne cherche point, dit Oblomoff, je ne te reproche rien, je te prie seulement de traiter convenablement un homme qui me tient de près au cœur et qui a tant fait pour moi.

— Tant fait ! repartit avec colère Taranntieff. Attends, il te fera plus encore ; suis ses conseils !

— Pourquoi me dis-tu cela ? demanda Oblomoff.

— Pourquoi ? quand cet Allemand t’aura détroussé, tu sauras alors ce qu’on gagne à troquer un pays, un Russe, contre un vagabond…

— Écoute, Michée… commença Oblomoff.

— Je n’ai rien à écouter, j’ai beaucoup trop écouté, et tu m’as donné assez de chagrin ! Dieu sait combien j’ai avalé d’affronts. Je suis sûr qu’en Saxe son père