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OBLOMOFF.

seiller de cour ! Monsieur est un savant… maintenant encore monsieur voyage ! Le coquin est partout ! Est-ce qu’un vrai, un bon Russe est capable de faire tout cela ? Un Russe choisit une chose quelconque, une seule et, tout à son aise, doucement, pas à pas, sans se fouler la rate, il arrive. Mais ce monsieur, voyez-vous comme il y va ? Si encore il était entré dans les fermes d’eau-de-vie, alors on saurait d’où vient sa fortune. Mais là, rien. Tout cela ne lui a pas coûté gros. Tout cela n’est pas clair ! J’aurais voulu les dénoncer au parquet, de pareilles gens ! — Voici maintenant qu’il se trimbale le diable sait où ! continua Taranntieff. Pourquoi se trimbale-t-il à l’étranger ?

— Il veut étudier, voir, savoir.

— Étudier ! Est-ce qu’on ne lui en a pas assez enseigné ? Étudier quoi ? Il ment, ne le crois pas : il se moque de toi en plein nez comme au nez d’un mioche. Est-ce que les hommes de son âge apprennent quelque chose ? Entendez-vous ce qu’il débite ? Un conseiller de cour ira-t-il apprendre quelque chose ! Te voilà, toi, tu as appris à l’école, et maintenant est-ce que tu apprends ? Est-ce qu’il apprend, lui ? dit-il en montrant Alexéeff. Et son parent, est-ce qu’il apprend ? Quel honnête homme irait s’aviser d’apprendre ? Comment apprend-il ? Est-ce qu’il est assis sur les bancs d’une école allemande ? Est-ce qu’il y apprend