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OBLOMOFF.

La place chauve était circulaire, propre et luisante comme si elle avait été tournée dans l’ivoire. La physionomie du visiteur se distinguait par une attention inquiète pour tout ce qu’il voyait, par la retenue dans le regard, la modération dans le sourire : il était modestement et officiellement convenable.

Il était vêtu d’un habit commode qui au moindre geste s’ouvrait large et ample comme une porte-cochère. Son linge reluisant de blancheur était en parfaite harmonie avec son crâne chauve. À l’index de la main droite brillait une grosse bague massive, ornée d’une pierre brune.

— Docteur ! par quel hasard ? s’écria Oblomoff, présentant une main au docteur et de l’autre approchant une chaise.

— Je me suis ennuyé de vous savoir toujours bien portant ; vous ne me faites pas appeler, j’ai passé moi-même, répondit le docteur en plaisantant ; non, ajouta-t-il ensuite d’un ton sérieux, je viens de chez votre voisin d’en haut et je suis entré pour vous dire bonjour.

— Merci. Et le voisin, comment va-t-il ?

— Comment il va ? Que vous dirai-je ? Encore trois, quatre semaines… peut-être traînera-t-il jusqu’à l’automne, et puis… il a déjà l’hydropisie dans la poitrine : son affaire est claire. Et vous, comment cela va-t-il ?