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OBLOMOFF.

cause, c’est-à-dire s’il était intimement convaincu qu’« un autre » était l’égal de M. Élie Oblomoff, ou si ce mot avait échappé à sa langue, sans que sa tête y fût pour rien.

Ces réflexions piquèrent l’amour-propre d’Élie : il se décida à montrer à Zakhare quelle différence il y avait entre lui et ceux que comprenait Zakhare sous cette dénomination « d’autres, » et de lui faire sentir, toute l’horreur de son procédé.

— Zakhare ! cria-t-il d’une voix traînante et solennelle.

Zakhare, à cet appel, ne sauta point en frappant des pieds, comme d’habitude ; il ne grommela point ; il se glissa lentement à bas du poêle, et se mit en marche, accrochant tout des bras et des hanches, doucement, à contre-cœur, comme un chien qui, à la voix du maître, sent que son escapade est découverte et qu’on l’appelle pour que justice soit faite. Zakhare entr’ouvrit la porte, mais il ne put se décider à entrer.

— Entre ! dit Élie.

Quoique la porte ne fût pas malaisée, Zakhare l’ouvrit de manière à ne pouvoir y passer. C’est pourquoi il s’arrêta dans l’entre-baîllement.

Oblomoff était assis sur le bord du lit.

— Viens ici ! dit-il en insistant.

Zakhare se dégagea avec peine de la porte, mais il