Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
OBLOMOFF.

la ferma tout de suite sur lui et s’y adossa solidement.

— Ici ! dit Élie, en montrant du doigt une place auprès de lui. Zakhare fit un demi-pas et s’arrêta à quelques mètres de l’endroit indiqué.

— Encore ! dit Oblomoff.

Zakhare eut l’air de faire un pas, mais en réalité il se balança seulement, fit du bruit avec son talon et resta en place. Élie voyant que cette fois il ne réussirait d’aucune façon à amener Zakhare plus près, le laissa là et le regarda pendant un certain temps en silence avec un air de reproche.

Zakhare, que gênait beaucoup cette contemplation muette de sa personne, fit mine de ne pas remarquer le barine : plus que jamais il se détourna et ne dirigea même point son regard sur lui.

Il se mit à regarder opiniâtrément à gauche, du côté opposé : là il vit un objet qui lui était connu depuis longtemps, la frange de la toile d’une araignée autour du tableau, et dans l’araignée un reproche vivant de sa négligence.

— Zakhare ! prononça Élie doucement et d’un ton plein de dignité.

Le serf ne répondit point. On eût dit qu’il pensait : « Eh bien, qu’est-ce que tu veux ? Est-ce un autre Zakhare, quoi ? Est-ce que je ne suis pas ici ? »

Et il transporta son regard de gauche à droite, en