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OBLOMOFF.

mense sofa dur et disgracieux, tapissé de bouracan bleu de ciel, passé et taché, et son large fauteuil de cuir.

La longue soirée d’hiver commence. Les jambes croisées sous elle, la mère est assise sur le sofa ; elle tricote paresseusement un bas d’enfant, en bâillant et en se grattant la tête de temps à autre avec son aiguille.

Auprès d’elle sont Nastassia Ivanovna et Pelaguéia Ignatievna ; le nez enfoncé dans l’ouvrage, elles cousent avec beaucoup d’application pour la fête quelque effet destiné à Ilioucha, à son père ou à elles-mêmes. Le père, les mains derrière le dos, se promène de long en large, dans un parfait contentement, ou bien il se met dans le fauteuil, et, après y être resté un instant, il recommence sa promenade, écoutant avec attention le bruit de ses pas.

Ensuite, il prend une prise, se mouche et prend encore une prise. Dans la chambre sombre brûle une seule chandelle, et encore ne se permet-on ce luxe que durant les longues soirées d’hiver et d’automne.

Pendant l’été, on s’arrangeait de manière à se coucher et à se lever sans chandelle, à la clarté du jour. Cela se faisait en partie par habitude, en partie par économie.

Pour chaque objet qui n’était point fabriqué à la