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OBLOMOFF.


XV


En attendant, le pauvre Ilioucha va et va étudier chez Stoltz. Le lundi à peine s’éveille-t-il, qu’il est en proie à la mélancolie. Il entend la voix perçante de Vasseka qui crie du perron :

— Anntipka ! attelle le pie : il faut conduire le petit barine chez l’Allemand.

Son cœur tressaille. Il vient tout chagrin auprès de sa mère. Celle-ci sait bien pourquoi et tache de dorer la pilule, soupirant elle-même en secret de se voir séparée de lui pour toute une semaine.

Ce matin-là, on ne sait de quoi le bourrer : on cuit des petits pains blancs, des craquelins ; on emballe avec lui des salaisons, des pâtisseries, des confitures, des conserves, des fruits secs et confits, et même des aliments substantiels. Tout cela parce que chez l’Allemand on faisait maigre chère.

— On n’y mange pas son soûl, disaient les Oblomoftzi. Pour dîner on vous donne de la soupe, du rôti et des pommes de terre ; pour le thé, du beurre, et pour le souper, bernique !

Au reste, Élie revoit plutôt en rêve les lundis heureux, où il n’entendait point la voix de Vasseka qui