Oblomoff. Je te félicite, mon cher. Comment le trouvez-vous ? Et dire que nous avons servi[1] ensemble comme surnuméraires, Je pense bien que, l’année prochaine, tu sauteras dans les conseillers d’État[2].
— Comme tu y vas ! Dieu te bénisse ! Il faut encore que cette année j’attrape la couronne[3] ; je pensais qu’on me présenterait pour service distingué, mais maintenant que j’ai eu de l’avancement, je ne puis compter sur rien avant deux ans[4]…
— Viens dîner avec moi, nous boirons à ta promotion, dit Élie.
— Non, je dîne aujourd’hui chez le sous-directeur. Il faut que le travail soit prêt pour jeudi ; c’est une besogne d’enfer ! On ne peut se fier aux rapports des gouvernements. On est obligé de vérifier soi-même les listes, M. Thomas est si trembleur ! il veut tout faire par lui-même. Tiens, aujourd’hui, après dîner, nous allons nous atteler ensemble.
— Est-ce possible ? Après-dîner ? demanda Oblomoff d’un air incrédule.
- ↑ En Russie, le mot servir se dit aussi bien des employés civils que des employés militaires.
- ↑ Grade équivalant à l’ancien grade de brigadier des armées du roi.
- ↑ Pour indiquer un degré supérieur, la décoration équivalant à celle de commandeur est ornée d’une couronne.
- ↑ Quand un employé obtient de l’avancement, son chef n’a pas le droit de le présenter avant deux ans pour des récompenses à cause de « service distingué. »