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OBLOMOFF.

— Il n’est pas donné à tout le monde d’être un écrivain. Te voilà, toi, tu n’écris pas, riposta Soudbinnski.

— C’est que j’ai une propriété sur les bras, dit Oblomoff en soupirant ; je combine un nouveau plan, j’introduis diverses améliorations. Je me donne un mal, un mal… Tandis que toi, tu t’occupes des affaires d’autrui, non des tiennes.

— Qu’y faire ! Il faut bien travailler, quand on gagne de l’argent. En été je me reposerai : M. Thomas m’a promis de trouver un prétexte afin de m’envoyer pour affaire de service… je toucherai alors cinq chevaux de guides, plus trois roubles par jour, et ensuite une gratification…

— Hé ! comme ils taillent ! dit jalousement Oblomoff, puis il soupira et se mit à rêver.

— On a besoin d’argent : je me marie en automne, ajouta Soudbinnski.

— Que dis-tu ? vraiment ? fit Élie avec intérêt.

— Sans rire ; avec la Mourachine. Tu le rappelles, ils étaient mes voisins de campagne. Tu l’as vue, si je ne me trompe, quand tu as pris le thé chez moi.

— Non, je ne me rappelle pas. Est-elle jolie ? demanda Élie.

— Oui, gentille. Veux-tu venir dîner chez eux…

Oblomoff parut gêné.